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6 septembre 2021 1 06 /09 /septembre /2021 19:18

Coucou

revoilà le télé-travail !

Septembre 2021

Depuis 2016 les Directions successives souhaitent instaurer le télétravail à Bergonié. Un accord d’entreprise majoritaire est pour cela nécessaire. La CGT Bergonié a régulièrement informé les salariés sur le sujet et n’a eu de cesse de recueillir leurs avis.

Sans dogmatisme aucun – il est par exemple indéniable qu’en diminuant le nombre de trajets domicile-travail les travailleurs peuvent gagner en qualité de vie – l’analyse par notre syndicat du projet d’accord d’entreprise tel que rédigé par la Direction présente beaucoup de points d’ombre voire d’inconvénients manifestes pour le personnel.

Ce projet d’accord annonce d’entrée de jeu que l’accès au télétravail relève de la seule initiative du salarié [et] est fondé sur le volontariat.

À peine plus loin, cependant, il est écrit que la Direction pourra également proposer à un salarié un passage en télétravail.

Est-ce à dire que la seule initiative du salarié inclurait aussi une initiative en réalité partagée sans le dire par la hiérarchie ?

À quel point et combien de fois un salarié pourra-t-il librement ou sereinement décliner d’aimables propositions qui lui seraient faites par ses supérieurs de basculer en télé-travail ?

Si la réversibilité (c’est-à-dire la possibilité pour le salarié qui le souhaite de revenir en présentiel après une période de télétravail) est indiquée comme garantie par le projet d’accord, rien ne certifie en revanche qu’il retrouvera certainement son poste. Tout au plus bénéficiera-t-il  d’une priorité pour occuper ou reprendre un poste sans télétravail correspondant à ses compétences et qualifications.(s,il en existe un)

La Direction vous assure l’aller simple mais pas nécessairement le retour dans les mêmes conditions !

Un peu plus loin, la Direction précise qu’elle pourra à tout moment suspendre temporairement le télétravail en cas de nécessité de service (réunion importante, formation, missions urgentes). Ces cas étant suffisamment larges, cela signifie que le salarié doit à tout moment s’attendre à devoir prendre ses dispositions pour revenir en présentiel avec un délai de prévenance de 48h, et encore : dans la mesure du possible !

Le champ des situations exceptionnelles permettant à la Direction d’imposer le télétravail à la demi-journée ou à la journée, comporte également, outre les intempéries, pandémies, infections nosocomiales, les fameux cas de grève des transports publics.

On appréciera non seulement comment une lutte de salariés des transports pour leurs droits est rangée dans le même ordre de nuisances que les cataclysmes, pestilences et autres plaies de l’Égypte, mais encore comment l’idée de télétravail est caressée par notre employeur pour contourner et rendre nul le pouvoir de leurs combats.

En outre, on voit bien poindre là l’esprit ayant présidé à la rédaction de cet accord, qui prétend laisser la seule initiative du télétravail au salarié, mais qui dans le détail rajoute petit à petit des circonstances particulières de plus en plus nombreuses pour au final imposer (c’est bien le mot écrit) de fait le télétravail y compris aux salariés ne le souhaitant pas.

Le projet d’accord prévoit que la planification des tâches à effectuer en télétravail sera réalisée de manière hebdomadaire. Cela revient à contredire des accords antérieurs qui portaient sur l’application des 35h dans notre établissement, au détriment des salariés.

La Direction pourrait également imposer aux salariés de faire plus d’heures en cas d’absence d’un collègue, au risque de surcharge de travail qu’ils devront supporter.

Une autre clause ironiquement libellée dans le titre « VII. Droit à la déconnexion » précise que si le salarié ne peut être sanctionné pour ne pas avoir pu être joint alors qu’il n’est pas en période de temps de travail, un certain nombre de circonstances exceptionnelles pourraient justifier qu’il soit sanctionné s’il n’a pu être joint sur ses jours ou heures de congés ou de repos : circonstances particulières nées de la force majeure, de l’urgence et de l’importance des sujets traités.

Autant il est compréhensible qu’un séisme, une guerre ou une grave catastrophe exige une mobilisation exceptionnelle d’un établissement de soins, autant l’importance des sujets traités est un fourre-tout qui ne veut rien dire et qui peut aboutir à n’importe quel abus.

De la même manière, il est grotesque de trouver dans ce même titre que l’Institut invite les responsables de services et les membres de leurs équipes à limiter l’usage de la messagerie électronique entre 19h30 et 7h30 ainsi que le week-end [et que] la bonne pratique implique qu’il convient d’éviter, sauf urgence ou cas de force majeure, l’envoi des mails durant ces périodes.

Dans la mesure où chacun fait ce qu’il entend d’une invitation non contraignante et qu’il existe autant de définitions de l’urgence que de chefs de services, ce droit à la déconnexion présente toutes les chances de ne pas résister aux pressions managériales, y compris intériorisées par les salariées.

Autre risque et non des moindres : le travail, sa régularité, ses interactions qu’il exige entre collègues ou auprès du public, intègre l’individu au reste de la société. Alors que la pandémie, les confinements et isolements qu’elle a exigé jusqu’à présent, le stress induit, ont fortement dégradé la santé mentale de la population, toute diminution supplémentaire des liens sociaux n’est pas à prendre à la légère.

La Direction entend le prendre en compte en prévoyant qu’au minimum un jour en présentiel par semaine soit effectué sur site, autorisant un maximum de quatre jours hebdomadaires en télétravail.

Cela nous paraît totalement irresponsable : comment les collègues, les représentants syndicaux, les chefs de services pourraient-ils se rendre compte sérieusement et à temps que quelque chose ne va pas chez un salarié de Bergonié s’il n’est là qu’un ou deux jours par semaine ? La relation de travail en France, ce n’est pas que fournir des bras et du temps de cerveau disponible, c’est aussi imbriquer, intégrer et rendre les personnes solidaires et attentifs les uns aux autres. Cela passe par exemple par prendre un café ensemble, se voir régulièrement, Des écrans et des audio-casques ne permettront et ne remplaceront jamais cela.

Enfin, le télétravail consiste aussi à détruire des emplois et à les remplacer par des machines dans un pays où le chômage reste élevé et où plus d’un million de gens doivent se contenter de temps partiels peu rémunérateurs faute de mieux dans le même temps que des personnes à temps plein subissent des épuisements professionnels (burn-out).

Qu’adviendra-t-il des coursiers, du personnel d’entretien de la maintenance, de l’informatique, des cuisines, des admissions, du BRV, des accueils etc?

Qu’est-ce qui empêchera demain de délocaliser certaines tâches télétravaillables et les postes qui vont avec si elles peuvent être traitées depuis un ordinateur situé à Gradignan aussi bien que par une plateforme dans un pays où le prix du travail qualifié est beaucoup moins cher ?

La Direction a demandé à la CGT de se prononcer le 10 septembre. Nous lui demandons d'étudier les arguments que nous venons d'exposer et de tenir compte de nos propositions. En tout état de cause, la CGT reste ouverte à la négociation.

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